Выбери любимый жанр

Les Essais – Livre III - Montaigne Michel de - Страница 47


Изменить размер шрифта:

47

Laudandis preciosior ruinis .

Encore retient elle au tombeau des marques et image d'empire. Ut palam sit uno in loco gaudentis opus esse natur? . Quelqu'un se blasmeroit, et se mutineroit en soy-mesme, de se sentir chatouiller d'un si vain plaisir. Nos humeurs ne sont pas trop vaines, qui sont plaisantes. Quelles qu'elles soyent qui contentent constamment un homme capable de sens commun, je ne scaurois avoir le coeur de le pleindre.

Je doibs beaucoup a la fortune, dequoy jusques a ceste heure, elle n'a rien fait contre moy d'outrageux au dela de ma portee. Seroit ce pas sa facon, de laisser en paix, ceux de qui elle n'est point importunee?

Quanto quisque sibi plura negaverit,

A Diis plura feret, nil cupientium,

Nudus castra peto, multa petentibus,

Desunt multa .

Si elle continue, elle me r'envoyera tres-content, et satisfaict,

nihil supra

Deos lacesso .

Mais gare le heurt. Il en est mille qui rompent au port.

Je me console aiseement, de ce qui adviendra icy, quand je n'y seray plus. Les choses presentes m'embesongnent assez,

fortun? c?tera mando .

Aussi n'ay-je point ceste forte liaison, qu'on dit attacher les hommes a l'advenir, par les enfans qui portent leur nom, et leur honneur. Et en doibs desirer a l'anvanture d'autant moins, s'ils sont si desirables. Je ne tiens que trop au monde, et a ceste vie par moy-mesme: Je me contente d'estre en prise de la fortune, par les circonstances proprement necessaires a mon estre, sans luy alonger par ailleurs sa jurisdiction sur moy: Et n'ay jamais estime qu'estre sans enfans, fust un defaut qui deust rendre la vie moins complete, et moins contente. La vacation sterile, a bien aussi ses commoditez. Les enfans sont du nombre des choses, qui n'ont pas fort dequoy estre desirees, notamment a ceste heure, qu'il seroit si difficile de les rendre bons. Bona jam nec nasci licet, ita corrupta sunt semina . Et si ont justement dequoy estre regrettees, a qui les perd, apres les avoir acquises.

Celuy qui me laissa ma maison en charge, prognostiquoit que je la deusse ruyner, regardant a mon humeur, si peu casaniere. Il se trompa; me voicy comme j'y entray: sinon un peu mieux. Sans office pourtant et sans benefice.

Au demeurant, si la fortune ne m'a faict aucune offence violente, et extraordinaire, aussi n'a-elle pas de grace. Tout ce qu'il y a de ses dons chez nous, il y est avant moy, et au dela de cent ans. Je n'ay particulierement aucun bien essentiel, et solide, que je doive a sa liberalite: Elle m'a faict quelques faveurs venteuses, honnoraires, et titulaires, sans substance: Et me les a aussi a la verite, non pas accordees, mais offertes. Dieu scait, a moy: qui suis tout materiel, qui ne me paye que de la realite, encores bien massive: Et qui, si je l'osois confesser, ne trouverois l'avarice, guere moins excusable que l'ambition: ny la douleur, moins evitable que la honte: ny la sante, moins desirable que la doctrine: ou la richesse, que la noblesse.

Parmy ses faveurs vaines, je n'en ay point qui plaise tant a ceste niaise humeur, qui s'en paist chez moy, qu'une bulle authentique de bourgeoisie Romaine: qui me fut octroyee dernierement que j'y estois, pompeuse en seaux, et lettres dorees: et octroyee avec toute gratieuse liberalite. Et par ce qu'elles se donnent en divers stile, plus ou moins favorable: et qu'avant que j'en eusse veu, j'eusse este bien aise, qu'on m'en eust montre un formulaire: je veux, pour satisfaire a quelqu'un, s'il s'en trouve malade de pareille curiosite a la mienne, la transcrire icy en sa forme.

Quod Horatius Maximus, Martius Cecius, Alexander Mutus, alm? urbis conservatores de Illustrissimo viro Michaele Montano equite sancti Michaelis, et a Cubiculo Regis Christianissimi, Romana Civitate donando, ad Senatum retulerunt, S. P. Q. R. de ea re ita fieri censuit.

CUM veteri more et instituto cupide illi semper studioseque suscepti sint, qui virtute ac nobilitate pr?stantes, magno Reip. nostr? usui atque ornamento fuissent, vel esse aliquando possent: Nos majorum nostrorum exemplo atque auctoritate permoti, pr?claram hanc Consuetudinem nobis imitandam ac servandam fore censemus. Quamobrem cum Illustrissimus Michael Montanus Eques sancti Michaelis, et a Cubiculo Regis Christianissimi Romani nominis studiosissimus, et famili? laude atque splendore et propriis virtutum meritis dignissimus sit, qui summo Senatus Populique Romani judicio ac studio in Romanam Civitatem adsciscatur; placere Senatui P. Q. R. Illustrissimum Michaelem Montanum rebus omnibus ornatissimum, atque huic inclyto populo charissimum, ipsum posterosque in Romanam Civitatem adscribi, ornarique omnibus et pr?miis et honoribus, quibus illi fruuntur, qui Cives Patritiique Romani nati aut jure optimo facti sunt. In quo censere Senatum P. Q. R. se non tam illi Jus Civitatis largiri quam debitum tribuere, neque magis beneficium dare quam ab ipso accipere, qui hoc Civitatis munere accipiendo, singulari Civitatem ipsam ornamento atque honore affecerit. Quam quidem S. C. auctoritatem iidem Conservatores per Senatus P. Q. R. scribas in acta referri atque in Capitolii curia servari, privilegiumque hujusmodi fieri, solitoque urbis sigillo communiri curarunt. Anno ab urbe condita CXCCCCXXXI. post Christum natum M. D. LXXXI. III. Idus Martii.

Horatius Fuscus sacri S. P. Q. R. scriba.

Vincent. Martholus sacri S. P. Q. R. scriba.

N'estant bourgeois d'aucune ville, je suis bien aise de l'estre de la plus noble qui fut et qui sera onques. Si les autres se regardoient attentivement, comme je fay, ils se trouveroient comme je fay, pleins d'inanite et de fadaise: De m'en deffaire, je ne puis, sans me deffaire moy-mesmes. Nous en sommes tous confits, tant les uns que les autres. Mais ceux qui le sentent, en ont un peu meilleur compte: encore ne scay-je.

Ceste opinion et usance commune, de regarder ailleurs qu'a nous, a bien pourveu a nostre affaire. C'est un object plein de mescontentement. Nous n'y voyons que misere et vanite. Pour ne nous desconforter, nature a rejette bien a propos, l'action de nostre veue, au dehors: Nous allons en avant a vau l'eau, mais de rebrousser vers nous, nostre course, c'est un mouvement penible: la mer se brouille et s'empesche ainsi, quand elle est repoussee a soy. Regardez, dict chacun, les branles du ciel: regardez au public: a la querelle de cestuy-la: au pouls d'un tel: au testament de cet autre: somme regardez tousjours haut ou bas, ou a coste, ou devant, ou derriere vous. C'estoit un commandement paradoxe, que nous faisoit anciennement ce Dieu a Delphes: Regardez dans vous, recognoissez vous, tenez vous a vous: Vostre esprit, et vostre volonte, qui se consomme ailleurs, ramenez la en soy: vous vous escoulez, vous vous respandez: appilez vous, soustenez vous: on vous trahit, on vous dissipe, on vous desrobe a vous. Voy tu pas, que ce monde tient toutes ses veues contraintes au dedans, et ses yeux ouverts a se contempler soy-mesme? C'est tousjours vanite pour toy, dedans et dehors: mais elle est moins vanite, quand elle est moins estendue. Sauf toy, o homme, disoit ce Dieu, chasque chose s'estudie la premiere, et a selon son besoin, des limites a ses travaux et desirs. Il n'en est une seule si vuide et necessiteuse que toy, qui embrasses l'univers: Tu es le scrutateur sans cognoissance: le magistrat sans jurisdiction: et apres tout, le badin de la farce.

47
Перейти на страницу:

Вы читаете книгу


Montaigne Michel de - Les Essais – Livre III Les Essais – Livre III
Мир литературы

Жанры

Фантастика и фэнтези

Детективы и триллеры

Проза

Любовные романы

Приключения

Детские

Поэзия и драматургия

Старинная литература

Научно-образовательная

Компьютеры и интернет

Справочная литература

Документальная литература

Религия и духовность

Юмор

Дом и семья

Деловая литература

Жанр не определен

Техника

Прочее

Драматургия

Фольклор

Военное дело