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Sc?nes De La Vie De Boh?me - Murger Henry - Страница 70


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En traversant le village de Chatillon pour retourner a Paris, Rodolphe rencontra sur la place de l'eglise le cortege d'un bapteme, dans lequel il reconnut un de ses amis qui etait parrain avec une artiste de l'opera.

– Que diable faites-vous par ici? demanda l'ami, tres-surpris de voir Rodolphe dans ce pays.

Le poete lui conta ce qui lui arrivait.

Le jeune homme, qui avait connu Mimi, fut tres-attriste par ce recit, et, fouillant dans sa poche, il tira un sac de bonbons du bapteme, et le remit a Rodolphe.

– Cette pauvre Mimi, vous lui donnerez ca de ma part, et vous lui direz que j'irai la voir.

– Venez donc vite, si vous voulez arriver a temps, lui dit Rodolphe en le quittant.

Quand Rodolphe arriva a l'hopital, Mimi, qui ne pouvait pas bouger, lui sauta au cou d'un regard.

– Ah! Voila mes fleurs, s'ecria-t-elle avec le sourire du desir satisfait.

Rodolphe lui conta son pelerinage dans cette campagne qui avait ete le paradis de leurs amours.

– Cheres fleurs, dit la pauvre fille en baisant les violettes. Les bonbons la rendirent tres-heureuse aussi. On ne m'a donc pas tout a fait oubliee! Vous etes bons, vous autres jeunes gens. Ah! Je les aime bien, tous tes amis, va! dit-elle a Rodolphe.

Cette entrevue fut presque gaie. Schaunard et Colline avaient rejoint Rodolphe. Il fallut que les infirmiers vinssent les faire sortir, car ils avaient depasse l'heure de la visite.

– Adieu, dit Mimi; a jeudi, sans faute, et venez de bonne heure.

Le lendemain, en rentrant chez lui le soir, Rodolphe recut une lettre d'un eleve en medecine, interne a l'hopital, et a qui il avait recommande sa malade. La lettre ne contenait que deux mots:

«Mon ami, j'ai une bien mauvaise nouvelle a vous apprendre: le numero 8 est mort. Ce matin, en passant dans la salle, j'ai trouve le lit vide.»

Rodolphe tomba sur une chaise et ne versa pas une larme. Quand Marcel rentra le soir, il trouva son ami dans la meme attitude abrutie; d'un geste, le poete lui montra la lettre.

– Pauvre fille! dit Marcel.

– C'est etrange, fit Rodolphe, je ne sens rien la.

Est-ce que mon amour etait mort en apprenant que Mimi devait mourir?

– Qui sait! murmura le peintre.

La mort de Mimi causa un grand deuil dans le cenacle de la Boheme.

Huit jours apres, Rodolphe rencontra dans la rue l'interne qui lui avait annonce la mort de sa maitresse.

– Ah! Mon cher Rodolphe, dit celui-ci en courant au devant du poete, pardonnez-moi le mal que je vous ai fait avec mon etourderie.

– Que voulez-vous dire? fit Rodolphe etonne.

– Comment, repliqua l'interne, vous ne savez pas, vous ne l'avez pas revue!

– Qui? s'ecria Rodolphe.

– Elle, Mimi.

– Quoi, dit le poete qui devint tout pale.

– Je m'etais trompe. Quand je vous ai ecrit cette affreuse nouvelle, j'avais ete victime d'une erreur; et voici comment. J'etais reste absent de l'hopital pendant deux jours. Quand j'y suis revenu, en suivant la visite, j'ai trouve le lit de votre femme vide. J'ai demande a la s?ur ou etait la malade; elle m'a repondu qu'elle etait morte dans la nuit. Voici ce qui etait arrive. Pendant mon absence, Mimi avait ete changee de salle et de lit. Au numero 8 qu'elle avait quitte, on avait mis une autre femme qui mourut le meme jour. C'est ce qui vous explique l'erreur dans laquelle je suis tombe. Le lendemain du jour ou je vous ai ecrit, j'ai retrouve Mimi dans une salle voisine. Votre absence l'avait mise dans un etat horrible; elle m'a donne une lettre pour vous. Je l'ai portee a votre hotel a l'instant meme.

– Ah! mon Dieu! s'ecria Rodolphe, depuis que j'ai cru que Mimi etait morte, je ne suis pas rentre chez moi. J'ai couche a droite et a gauche chez mes amis. Mimi est vivante! O mon Dieu! Que doit-elle penser de mon absence! Pauvre fille! pauvre fille! comment est-elle? quand l'avez-vous vue?

– Avant-hier matin, elle n'allait ni mieux ni plus mal; elle est tres-inquiete et vous croit malade.

– Conduisez-moi sur-le-champ a la pitie, dit Rodolphe, que je la voie.

– Attendez-moi un instant, dit l'interne quand ils furent a la porte de l'hopital, je vais demander au directeur une permission pour vous faire entrer.

Rodolphe attendit un quart d'heure sous le vestibule. Quand l'interne revint vers lui, il lui prit la main et ne lui dit que ces mots:

– Mon ami, supposez que la lettre que je vous ai ecrite il y a huit jours, etait vraie.

– Quoi! dit Rodolphe en s'appuyant sur une borne, Mimi…

– Ce matin, a quatre heures.

– Menez-moi a l'amphitheatre, dit Rodolphe, que je la voie.

– Elle n'y est plus, dit l'interne. En montrant au poete un grand fourgon qui se trouvait dans la cour, arrete devant un pavillon, au-dessus duquel on lisait: Amphitheatre , il ajouta: Elle est la.

C'etait, en effet, la voiture dans laquelle on transporte dans la fosse commune les cadavres qui n'ont pas ete reclames.

– Adieu, dit Rodolphe a l'interne.

– Voulez-vous que je vous accompagne? Proposa celui-ci.

– Non, fit Rodolphe en s'en allant. J'ai besoin d'etre seul.

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