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Sc?nes De La Vie De Boh?me - Murger Henry - Страница 34


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– Ravissantes, reprit Carolus.

– O mon cher maitre, je vous remercie; certainement, nous donnerons la fete ici; on allumera tous les lustres et je ferai oter les housses des meubles. Le soir, au cafe, Barbemuche annonca que la fete aurait lieu le samedi suivant.

Les bohemes inviterent leurs maitresses a songer a leur toilette.

– N'oubliez pas, leur dirent-ils, que nous allons dans des vrais salons. Ainsi donc, preparez-vous; toilette simple, mais riche.

A compter de ce jour, toute la rue fut instruite que mesdemoiselles Mimi, Phemie et Musette allaient dans le monde.

Le matin de la solennite, voici ce qui arriva. Colline, Schaunard, Marcel et Rodolphe se rendirent en ch?ur chez Barbemuche, qui parut etonne de les voir si matinalement.

– Serait-il arrive quelque accident qui oblige la fete a etre remise? demanda-t-il avec une certaine inquietude.

– Oui et non, repondit Colline. Seulement, voici ce qui arrive. Entre nous, nous ne faisons jamais de ceremonie; mais quand nous devons nous trouver avec des etrangers, vous voulons garder un certain decorum.

– Eh bien? fit Barbemuche.

– Eh bien, continua Colline, comme nous devons nous rencontrer ce soir avec le jeune gentilhomme qui nous ouvre ses salons, par respect pour lui et par respect pour nous, que notre tenue quasi-negligee pourrait compromettre, nous venons simplement vous demander si vous ne pourriez pas, pour ce soir, nous preter quelques hardes d'une coupe avantageuse. Il nous est presque impossible, vous devez le comprendre, d'entrer en vareuse et en paletot sous les lambris somptueux de cette residence.

– Mais, dit Carolus, je n'ai pas quatre habits noirs.

– Ah! dit Colline, nous nous arrangerons de ce que vous aurez.

– Voyez donc, fit Carolus en leur ouvrant une garde-robe assez bien fournie.

– Mais vous avez la un arsenal complet d'elegances.

– Trois chapeaux! dit Schaunard avec extase; peut-on avoir trois chapeaux quand on n'a qu'une tete?

– Et les bottes, dit Rodolphe, voyez donc!

– Il y en a des bottes! Hurla Colline.

En un clin d'?il ils avaient choisi chacun un equipement complet.

– A ce soir, dirent-ils en quittant Barbemuche; ces dames se proposent d'etre eblouissantes.

– Mais, dit Barbemuche en jetant un coup d'?il sur les porte-manteaux completement degarnis, vous ne me laissez rien, a moi. Comment vous recevrai-je?

– Ah! Vous, c'est different, dit Rodolphe, vous etes le maitre de la maison; vous pouvez laisser l'etiquette de cote.

– Cependant, dit Carolus, il ne reste plus qu'une robe de chambre, un pantalon a pied, un gilet de flanelle et des pantoufles; vous avez tout pris.

– Qu'importe? Nous vous excusons d'avance, repondirent les bohemiens.

A six heures, un fort beau diner etait servi dans la salle a manger. Les bohemiens arriverent. Marcel boitait un peu et etait de mauvaise humeur. Le jeune vicomte Paul se precipita au-devant des dames et les conduisit aux meilleures places. Mimi avait une toilette de haute fantaisie. Musette etait mise avec un gout plein de provocation. Phemie ressemblait a une fenetre garnie de verres de couleur, elle n'osait pas se mettre a table. Le diner dura deux heures et demie et fut d'une gaiete ravissante.

Le jeune vicomte Paul marchait avec fureur sur le pied de Mimi qui etait sa voisine, et Phemie redemandait quelque chose a chaque service. Schaunard etait dans les pampres. Rodolphe improvisait des sonnets et cassait des verres en marquant le rhythme. Colline causait avec Marcel, qui etait toujours maussade.

– Qu'as-tu? Lui disait-il.

– Je souffre horriblement des pieds et ca me gene. Ce Carolus a un pied de petite-maitresse.

– Mais, dit Colline, il suffira de lui faire comprendre que ca ne peut pas durer comme ca, et qu'a l'avenir il ait a faire faire sa chaussure quelques points plus large; sois tranquille, j'arrangerai cela. Mais passons au salon, ou les liqueurs des iles nous appellent.

La fete recommenca avec plus d'eclat. Schaunard se mit au piano et executa, avec une verve prodigieuse, sa nouvelle symphonie: La mort de la jeune fille. Le beau morceau de la marche du creancier obtint les honneurs du ter . Il y eut deux cordes brisees au piano.

Marcel etait toujours morose, et comme Carolus venait s'en plaindre a lui, l'artiste lui repondit:

– Mon cher monsieur, nous ne serons jamais amis intimes, et voici pourquoi. Les dissemblances physiques sont presque toujours l'indice certain d'une dissemblance morale, la philosophie et la medecine sont d'accord la-dessus.

– Eh bien? fit Carolus.

– Eh bien, dit Marcel en montrant ses pieds, votre chaussure, infiniment trop etroite pour moi, m'indique que nous n'avons pas le meme caractere; du reste, votre petite fete etait charmante.

A une heure du matin, les bohemiens se retirerent et rentrerent chez eux en faisant de longs detours. Barbemuche fut malade et tint des discours insenses a son eleve qui, de son cote, revait aux yeux bleus de Mademoiselle Mimi.

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