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Catherine Il suffit d'un Amour Tome 2 - Бенцони Жюльетта - Страница 3


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Ce fut Ermengarde qui repondit.

Il l'avait enfermee dans l'appentis, sous l'escalier. C'est la que je l'ai trouvee en arrivant. Elle entendait vos cris et faisait un vacarme de tous les diables pour qu'on la delivre. Les gens de la maison n'osaient le faire. Garin les avait menaces de les faire jeter au cachot s'ils bougeaient seulement le petit doigt.

Quand je suis entree chez eux pour reclamer de la charpie et des bandes, je les ai trouves a moitie morts de peur dans leur soupe aux choux.

— Et vous les avez rassures, ces pauvres gens ?

— Jamais de la vie ! s'ecria la comtesse avec un rire enorme. J'ai acheve de les terroriser en leur disant qu'il y avait une grande chance pour que le duc les fasse ecorcher vifs en apprenant ce qu'ils avaient laisse faire. Du coup, ils nous ont donne leur propre chambre et je ne suis pas sure qu'ils ne soient en train de faire leurs paquets...

Catherine regarda plus attentivement autour d'elle. En effet, cette chambre n'etait pas celle ou elle avait loge, jusque-la, avec Ermengarde. Celle-ci etait plus grande, plus confortable et tendue de deux belles tapisseries... Elle communiquait avec une autre piece et l'idee d'etre completement a l'abri des curiosites de Marie de Vaugrigneuse fut agreable a la malade. Tandis que Sara retournait a la cheminee pour verser dans une ecuelle de faience le contenu de sa petite marmite, Ermengarde s'etablit sur le pied du lit et raconta comment Sara et elle-meme avaient du enduire completement Catherine de baume calmant avant de l'envelopper tout entiere de toile fine...

— Vous etes ecorchee, tumefiee de partout, fit-elle avec un bon rire, mais heureusement il n'y a rien de tres profond. Sara pense qu'il ne restera que de tres legeres traces et rien, en tout cas, au visage. Je crois, Dieu me pardonne, que votre epoux a ete pris d'une crise de folie. Que lui avez-vous donc fait ?...

Ermengarde grillait de curiosite, mais Catherine se sentait faible comme un chat malade et n'avait aucune envie de raconter tout de suite les evenements de la veille. Elle souleva ses mains bandees, les regarda avec une sorte de stupeur vaguement amusee. Le baume dont elle etait enduite des pieds a la tete suintait en larges taches jaunes et graisseuses a travers la toile fine des pansements. Elle avait l'impression d'etre transformee en une espece de grande poupee de chiffons. Seuls ses cheveux soigneusement nattes qui s'etalaient sur la couverture devant' elle lui paraissaient vivre et faire vraiment partie de son corps. Elle soupira. Ermengarde comprit ce que voulait dire ce soupir.

— Vous avez raison, taisez-vous ! Vous etes trop lasse maintenant, vous me direz plus tard...

Par contre, etant indemne, la comtesse se mit a bavarder avec animation.

Garin n'avait pas ose reparaitre, mais son ami Nicolas Rolin etait venu tout a l'heure prendre des nouvelles. Ermengarde l'avait recu fraichement en lui declarant qu'elle se chargeait de veiller jusqu'a nouvel ordre sur la dame de Brazey et que moins elle entendrait parler de Garin ou de ses amis et plus elle serait contente. Rolin etait parti sans demander son reste. La gardienne de Catherine avait dit quelque chose d'analogue, mais sur un ton plus affable, au page de Monseigneur quand il s'etait presente, une demi-heure plus tot. Catherine haussa les sourcils sous son masque de pansements.

— Le duc a envoye un page ?

— Oui, le jeune de Lannoy, son page favori. J'ai cru comprendre que Son Altesse esperait votre compagnie pour ce soir. Naturellement, je vous ai excusee.

— Qu'avez-vous dit, ma chere Ermengarde ?

— La verite, tout simplement. J'ai dit que votre gracieux epoux vous avait battue comme platre et que vous etiez a moitie morte. Cela vaudra a ce sauvage de Garin une mercuriale dont il se souviendra longtemps et qui lui otera probablement l'envie de recommencer.

— Misericorde ! gemit la jeune femme accablee. Mais toute la ville va se moquer de moi ! Je n'oserai plus regarder quiconque en face quand on saura que j'ai ete fouettee comme une esclave.

— Le petit Lannoy est gentilhomme, ma chere. Il sait que ce qu'on lui confie pour les oreilles de son maitre n'a rien a faire dans celles des autres. Il ne soufflera mot ! J'ajoute qu'il etait sincerement indigne. Ce gamin vous admire beaucoup, ma belle... Il serait meme un peu amoureux de vous que cela ne m'etonnerait pas. Mais buvez donc ceci.

Sara, en effet, apportait un bol de verveine dans lequel elle avait melange un certain nombre d'herbes mysterieuses. Avec bien de la peine, et l'aide d'Ermengarde, Catherine parvint a s'asseoir dans son lit. Le breuvage avait une saveur un peu acide qui n'etait pas desagreable. C'etait surtout chaud et reconfortant.

— J'ai mis une herbe qui te fera dormir, fit Sara. Quand on dort, la douleur, elle aussi, s'assoupit...

Catherine n'eut pas le temps de repondre. La porte de la chambre venait de s'ouvrir sous la main d'un homme vetu et masque de noir dont l'apparition fit sursauter les trois femmes. Il s'encadrait dans le chambranle de la porte sans plus bouger qu'une statue mais, a travers les trous du masque, on pouvait voir briller des yeux gris.

— Qui etes-vous ? s'ecria Ermengarde tout de suite sur la defensive. Et que voulez-vous ?

Elle se plia aussitot en une profonde reverence car l'arrivant venait d'oter son masque. C'etait le duc Philippe. Mais son geste avait du etre machinal car, apparemment hypnotise par le spectacle etale sous ses yeux, Philippe etait l'image meme de la stupeur.

— Est-ce bien vous, Catherine ? s'exclama-t-il avec une nuance d'incredulite. Ce n'est pas possible !

Sous ses pansements, la jeune femme se mit a rire. Elle imaginait sans peine l'effet produit sur Philippe, si epris de beaute, par son amas de pansements.

Il etait accouru, pensant trouver une jeune femme dolente, un peu meurtrie, mais certainement pas dans un tel etat ! Peut-etre le jeune Lannoy n'avait-il pas repete les termes exacts employes par la comtesse car, toujours au seuil, le duc balbutia :

— C'est a ce point ?

— C'est encore pire, Monseigneur ! fit Ermengarde remontee des profondeurs de sa reverence. Dame Catherine est bleue ou noire des pieds a la tete, plus un bon nombre d'ecorchures. Elle souffre beaucoup... et parler lui est penible.

Philippe serra les poings, jura qu'il allait faire jeter Garin dans une basse-fosse, le livrer au bourreau. Il lancait feu et flammes et, en meme temps, sous le coup de l'emotion, de grosses larmes couvraient ses joues.

Ermengarde, habituee, n'y prit pas garde, mais Catherine regardait avec curiosite pleurer le duc. La comtesse finit par le calmer en lui faisait remarquer que, seule, Mme de Brazey pouvait porter plainte et que, si Garin etait un epoux brutal, c'etait un excellent serviteur... Philippe voulut bien se laisser convaincre de ne pas declencher un scandale en faisant arreter Garin.

Il vint s'asseoir sur le bord du lit, prit l'une des mains enveloppees de bandages avec d'infinies precautions.

— Je suis desespere, mon c?ur, de vous voir en cet etat ! Moi qui vous attendais le c?ur tout plein de vous... Il faut vous soigner et vous bien soigner...

Il se tourna vers Ermengarde et ajouta :

— Ma mere vous reclame, je crois, Madame de Chateauvillain ?

— En effet, Monseigneur. Madame la duchesse est souffrante. Son etat semble s'aggraver et elle souhaite mon retour.

Retardez de quelques jours ce retour et emmenez avec vous Madame de Brazey que je desire eloigner quelque temps de son epoux. A Dijon, elle se remettra mieux et, sous votre garde, je serai tranquille pour elle. Puis-je vous la confier ? Elle m'est... infiniment precieuse !

— C'est un honneur, Monseigneur, fit la comtesse avec un nouveau salut.

Catherine ne pouvait faire moins que remercier Philippe de sa sollicitude.

L'idee de repartir avec Ermengarde lui souriait ; elle etait heureuse de s'eloigner de Garin... et aussi heureuse de quitter Philippe. Au moins, elle allait avoir quelque repit pour penser a elle-meme et a ses propres problemes. Tandis que Philippe, de plus en plus emu par son lamentable etat, prenait conge d'elle avec force soupirs et de nouvelles larmes, elle sentit tout a coup qu'elle pardonnait a Garin la formidable raclee qu'il lui avait administree puisque, grace a elle, l'echeance si redoutable s'ecartait encore une fois... et pour un temps indetermine. Ce ne serait pas encore cette nuit qu'elle deviendrait la maitresse de Philippe ! Elle etait libre de remporter, a moitie brise mais vierge, ce corps qu'elle aurait tant voulu reserver a l'homme qu'elle aimait.

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