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Belle Catherine - Бенцони Жюльетта - Страница 25


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Malgre la colere qui s'etait emparee d'elle, Catherine reflechissait a toute vitesse et observait son adversaire. Elle l'avait vu palir quand elle avait prononce le nom de La Tremoille. Elle en conclut qu'elle avait touche juste. Toute a son amour, elle s'etait peu souciee de la politique et des repercussions que pouvait avoir, sur la Cour et sur le Roi, la mort de Jehanne.

Il y avait trop longtemps que Georges de La Tremoille et sa clique luttaient contre l'envoyee de Dieu. Jehanne genait ces grands seigneurs rapaces, avides de s'engraisser a n'importe quel prix et aux depens de n'importe quelle bourse. Ils avaient combattu sournoisement la jeune fille, n'avaient rien fait pour la delivrer et, maintenant qu'elle n'etait plus, ces gens sans scrupules reprenaient tout leur pouvoir sur le faible Charles VII qui, dans les mains habiles de La Tremoille, n'etait qu'un jouet. Le gros chambellan savait trop les points faibles de son maitre ; avec des plaisirs et des femmes, on en faisait ce que l'on voulait...

Mais Gilles n'avait rien repondu. Et, comme ses yeux noirs guettaient la jeune femme, elle ajouta sechement :

— En tout cas, j'aimerais savoir quel chef d'accusation La Tremoille a pu trouver contre Arnaud, la droiture, la loyaute faites homme !

— Ah ! que l'amour est donc une belle chose et que j'envie Montsalvy de vous en avoir inspire un semblable ! Cela aveugle ! Ma chere, votre bel ami s'est mis hors la loi en s'introduisant dans Rouen sans permission de notre Roi, qui, dans sa sagesse, avait juge bon d'abandonner la fameuse Pucelle a son sort. Tenter de la delivrer, c'etait s'elever contre la volonte du Roi.

— J'ai, moi aussi, tente de la delivrer.

— Aussi etes-vous egalement hors la loi, chere Catherine, et confiee a mes soins comme Arnaud de Montsalvy est confie a La Tremoille. Vous n'avez pas le droit de quitter ce domaine... sous peine de vous retrouver tres vite au fond de quelque forteresse bien noire, fit le marechal avec un aimable sourire.

Sous le coup, Catherine chancela, mais son orgueil la maintint debout presque malgre elle, repoussant la main de Sara qui se tendait pour la soutenir. Elle parvint meme a sourire avec une intraduisible expression de mepris.

A merveille ! Et moi, sotte, qui vous prenais pour un gentilhomme, qui ai cru en la parole d'un marechal de France ! Alors que vous n'etes rien, rien que le plat valet de La Tremoille, pret a vendre ses amis au plus offrant. Vous oubliez seulement que d'autres savent la verite sur Arnaud et sur moi. La Hire...

— La Hire est prisonnier dans Louviers que l'Anglais a repris. Et votre ami Xaintrailles a, lui aussi, ete pris sur l'Oise.

Ne me parlez pas davantage du connetable de Richemont que le Roi a eloigne de sa personne et qui risque sa tete s'il ose reparaitre a la Cour. Quant a la reine Yolande, l'envahissante belle- mere de Sa Majeste, qui se melait de regenter le royaume, le Roi lui a fait comprendre, apres les fetes du mariage de sa fille, que ses terres de Provence la reclamaient.

Elle doit etre, a cette heure, a Tarascon... C'est loin, Tarascon !

Cette fois, Catherine demeura muette. Un vertige s'empara d'elle devant l'abime que Gilles, avec une cruaute calculee, ouvrait sous ses pieds. Elle comprenait maintenant toute l'etendue de la machination ourdie par La Tremoille. Il avait savamment mene sa barque, circonvenu le Roi jusqu'a lui faire eloigner, exiler ses plus fideles serviteurs, les plus surs soutiens du royaume contre l'Anglais : le connetable de Riche- mont et la reine Yolande, mere de sa femme. Et le triste Charles VII, oublieux des services rendus, de ses villes reconquises, du sacre de Reims, etait retombe, avec joie sans doute, dans le piege de la vie facile et des plaisirs douteux.

— Ainsi donc, fit-elle douloureusement, le sang verse ne sert a rien ! Le vrai roi de France, c'est La Tremoille, et il ne vous repugne pas de le servir, vous qui avez rang de prince ?

— La Tremoille est mon cousin, belle dame, et un pacte, dument signe, me lie a lui pour le meilleur et pour le pire.

Mais le pire n'est pas a craindre.

— Alors, remettez-moi entre ses mains, comme vous avez fait d'Arnaud. Nous etions unis a Rouen, vous devez nous unir egalement dans le chatiment puisque vous estimez que nous en meritons un. Conduisez-moi a Sully...

Brusquement, Gilles de Rais se mit a rire, avec tant de violence et de ferocite que la jeune femme, tremblante, pensa que les loups, s'il leur arrivait de rire, devaient ainsi faire.

— Je sers mon cousin, mais je protege egalement mon avantage, ma chere. Peut-etre vous ferai-je... plus tard, conduire a Sully, mais seulement lorsque j'aurai obtenu de vous ce que je veux.

— Que voulez-vous ?

— Deux choses inestimables pour un homme de ma sorte qui a la passion des objets de pure beaute : vous d'abord... et ensuite certain diamant noir dont la possession vous a rendue presque aussi celebre que vos admirables cheveux...

Voila donc la raison de ces menees tortueuses ? Voila ce que voulait Gilles de Rais ? La fureur, la haine et le degout envahirent d'un seul coup l'ame de Catherine, la sauvant du chagrin et des larmes. Elle lui eclata de rire au nez.

— Vous etes fou ! Je ne saurais, monsieur le marechal, vous remettre l'un ni l'autre de ces deux objets. Le diamant n'est plus entre mes mains et ma personne ne m'appartient plus : j'attends un enfant...

Le desappointement se peignit sur le visage de Rais. Il fit trois pas vers Catherine, la prit par le poignet et F ecarta legerement pour considerer sa silhouette, sa taille deja legerement epaissie.

— C'est ma foi vrai ! dit-il d'une voix qui tremblait.

Mais, au prix d'un effort sur lui-meme, il parvint a se ressaisir et, de nouveau, il sourit.

— Eh bien... mais je saurai attendre, aussi bien la femme que le diamant ! Je sais que vous n'avez plus ce bijou sans pareil, mais je sais aussi qu'il est toujours votre. Et, des qu'il vous sera possible de toucher certain messager... ce moine qui a le pouvoir d'entrer si aisement chez nos ennemis et, notamment, dans la bonne ville de Rouen, n'est-ce pas ?

Allons, il savait tout ! Catherine etait dans sa main, sans plus de force qu'un oiseau sorti de l'?uf. Mais sa propre situation l'angoissait moins que celle d'Arnaud, livre sans defense a son pire ennemi. Qu'allait faire de lui La Tremoille, au fond de son chateau cerne par la Loire ? Videe de son courage, elle se laissa tomber sur son siege, luttant contre l'evanouissement qui venait. Elle avait envie de mourir, tout de suite, de cesser une bonne fois de se battre contre des montagnes. Quand elle atteignait un sommet, pensant que, sur l'autre versant, la route serait plus facile, elle s'apercevait qu'une autre montagne, plus haute et plus rude, etait derriere la premiere. Il y en aurait sans doute, comme cela, jusqu'a la fin des temps, jusqu'au bout de ses forces...

— A quoi bon ? fit-elle pour elle-meme sans se rendre compte qu'elle parlait tout haut. Tout est inutile ! A cette heure, sans doute, Arnaud a cesse de vivre...

— S'il n'y avait eu que ce cher La Tremoille, repondit Gilles avec desinvolture, ce serait, en effet, chose faite. Mais notre Arnaud a tant de seduction !... et ma belle cousine Catherine a toujours montre pour lui la plus grande faiblesse.

Soyez sans inquietude, ma chere, la dame La Tremoille veille sur lui avec autant... et peut-etre plus de sollicitude que vous ne sauriez le faire vous-meme ! Vous savez bien qu'elle a toujours eu un faible pour Montsalvy !

Cette derniere cruaute et tout ce qu'elle sous-entendait vinrent enfin a bout de la resistance de Catherine. Avec un cri de douleur, elle s'effondra dans les bras de Sara et se mit a sangloter, blessee au plus profond. Et le spectacle de sa souffrance eut raison de la reserve de Sara.

— Allez-vous-en, Monseigneur ! fit-elle rudement. Vous avez fait assez de mal comme cela !

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Бенцони Жюльетта - Belle Catherine Belle Catherine
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