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Contes merveilleux, Tome I - Andersen Hans Christian - Страница 26


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La fee effleura de l'ortie la main d'Elisa et la brulure l'eveilla. Il faisait grand jour, et tout pres de l'endroit ou elle avait dormi, il y avait une ortie pareille a celle de son reve. Alors elle tomba a, genoux et remercia Notre-Seigneur puis elle sortit de la grotte pour commencer son travail.

De ses mains delicates, elle arrachait les orties qui brulaient comme du feu formant de grosses cloques douloureuses sur ses mains et ses bras mais elle etait contente de souffrir pourvu qu'elle put sauver ses freres. Elle foula chaque ortie avec ses pieds nus et tordit le lin vert.

Au coucher du soleil les freres rentrerent. Ils s'effrayerent de la trouver muette, craignant un autre mauvais sort jete par la mechante belle-mere, mais voyant ses mains, ils se rendirent compte de ce qu'elle faisait pour eux. Le plus jeune des freres se prit a pleurer et la ou tombaient ses larmes, Elisa ne sentait plus de douleur, les cloques brulantes s'effacaient.

Elle passa la nuit a travailler n'ayant de cesse qu'elle n'eut sauve ses freres cheris et tout le jour suivant, tandis que les cygnes etaient absents, elle demeura a travailler solitaire mais jamais le temps n'avait vole si vite. Une cotte de mailles etait deja terminee, elle commencait la seconde.

Alors un cor de chasse sonna dans les montagnes, elle en fut tout inquiete, le bruit se rapprochait, elle entendait les abois des chiens. Effrayee, elle se refugia dans la grotte, lia en botte les orties qu'elle avait cueillies et demelees et s'assit dessus.

A ce moment un grand chien bondit hors du hallier suivi d'un autre et d'un autre encore. Ils aboyaient tres fort, couraient de tous cotes, au bout de quelques minutes tous les chasseurs etaient la devant la grotte et le plus beau d'entre eux, le roi du pays, s'avanca vers Elisa. Jamais il n'avait vu fille plus belle.

– Comment es-tu venue ici, adorable enfant? s'ecria-t-il.

Elisa secoua la tete, elle n'osait parler, le salut et la vie de ses freres en dependaient. Elle cacha ses jolies mains sous son tablier pour que le roi ne vit pas sa souffrance.

– Viens avec moi, dit le roi, ne reste pas ici. Si tu es aussi bonne que belle, je te vetirai de soie et de velours, je mettrai une couronne d'or sur ta tete et tu habiteras le plus riche de mes palais!

Il la souleva et la placa sur son cheval, mais elle pleurait et se tordait les mains, alors le roi lui dit:

– Je ne veux que ton bonheur, un jour tu me remercieras!

Et il s'elanca a travers les montagnes, la tenant devant lui sur son cheval et suivi au galop par les autres chasseurs.

Au soleil couchant la magnifique ville royale avec ses eglises et ses coupoles s'etalait devant eux. Le roi conduisit la jeune fille dans le palais ou les jets d'eau jaillissaient dans les salles de marbre, ou les murs et les plafonds rutilaient de peintures, mais elle n'avait pas d'yeux pour ces merveilles; elle pleurait et se desolait. Indifferente, elle laissa les femmes la parer de vetements royaux, tresser ses cheveux et passer des gants tres fins sur ses doigts brules.

Alors, dans ces superbes atours, elle etait si resplendissante de beaute que toute la cour s'inclina profondement devant elle et que le roi l'elut pour fiancee, malgre l'archeveque qui hochait la tete et murmurait que cette belle fille des bois ne pouvait etre qu'une sorciere qui seduisait le coeur du roi.

Le roi ne voulait rien entendre, il commanda la musique et les mets les plus rares. Les filles les plus ravissantes danserent pour elle. On la conduisit a travers des jardins embaumes dans des salons superbes, mais pas le moindre sourire ne lui venait aux levres ni aux yeux, la douleur seule semblait y regner pour l'eternite. Le roi ouvrit alors la porte d'une petite piece attenante a celle ou elle devait dormir, qui etait ornee de riches tapisseries vertes rappelant tout a fait la grotte ou elle avait habite. La botte de lin qu'elle avait filee avec les orties etait la sur le parquet et au plafond pendait la cotte de mailles deja terminee,-un des chasseurs avait emporte tout ceci comme curiosite.

– Ici tu pourras rever que tu es encore dans ton ancien logis, dit le roi, voici ton ouvrage qui t'occupait alors, ici, au milieu de tout ton luxe, tu t'amuseras a repenser a ce temps-la.

Quand Elisa vit ces choses qui lui tenaient tant a coeur, un sourire joua sur ses levres et le sang lui revint aux joues. Elle pensait au salut de ses freres et baisa la main du roi qui la pressa sur son coeur et ordonna de sonner toutes les cloches des eglises. L'adorable fille muette des bois allait devenir reine.

L'archeveque avait beau murmure de mechants propos aux oreilles du roi, ils n'allaient pas jusqu'a son coeur, la noce devait avoir lieu. C'est l'archeveque lui-meme qui devait mettre la couronne sur la tete de la mariee et, dans sa malveillance, il enfonca avec tant de force le cercle etroit sur le front d'Elisa qu'il lui fit mal, mais une douleur autrement lourde lui serrait le coeur, le chagrin qu'elle avait pour ses freres. Sa bouche demeurait muette puisqu'un seul mot trancherait leur vie, mais ses yeux exprimaient un amour profond pour ce roi si bon et si beau qui ordonnait tout pour son plaisir. Jour apres jour, elle s'attachait a lui davantage. Oh! si elle osait seulement se confier a lui, lui dire sa souffrance, mais non, il lui fallait etre muette, muette elle devait achever son ouvrage. Aussi se glissait-elle la nuit hors de leur lit pour aller dans la petite chambre decoree comme la grotte et la, elle tricotait une cotte de mailles apres l'autre. Quand elle fut a la septieme, il ne lui restait plus de lin.

Elle savait que les orties qu'il lui fallait employer poussaient au cimetiere, mais elle devait les cueillir elle-meme, comment pourrait-elle sortir?

«Oh! qu'est-ce que la souffrance a mes doigts a cote du tourment de mon coeur, pensait-elle, il faut que j'ose, Dieu ne m'abandonnera pas!» Le coeur battant comme si elle commettait une mauvaise action, elle sortit dans la nuit eclairee par la lune, descendit au jardin, suivit les longues allees et les rues desertes jusqu'au cimetiere. La elle vit sur une des plus larges pierres tombales un groupe de hideuses sorcieres. Elisa etait obligee de passer a cote d'elles et elles la fixaient de leurs yeux mauvais, mais la jeune fille recita sa priere, cueillit des orties brulantes et rentra au chateau.

Une seule personne l'avait vue: l'archeveque reste debout tandis que les autres dormaient. Ainsi il avait donc eu raison dans ses soupcons malveillants sur la reine, elle n'etait qu'une sorciere!

Dans le secret du confessionnal, il dit au roi ce qu'il avait vu, ce qu'il craignait et quand ces paroles si dures sortirent de sa bouche, les saints de bois sculptes secouaient la tete comme s'ils voulaient dire que ce n'etait pas vrai, qu'Elisa etait innocente.

Des larmes ameres coulaient sur les joues du roi, il rentra chez lui avec un doute au coeur. Maintenant, la nuit, il faisait semblant de dormir mais il ne trouvait pas le sommeil, il remarquait qu'Elisa se levait chaque nuit et chaque nuit il la suivait et la voyait disparaitre dans sa petite chambre.

Jour apres jour, il devenait plus sombre, Elisa le voyait bien mais ne se l'expliquait pas; elle s'inquietait cependant et que ne souffrit-elle alors en son coeur pour ses freres! Ses larmes coulaient sur le velours et la pourpre royale, elles y tombaient comme des diamants scintillants, et les dames de la cour qui voyaient toute cette magnificence eussent bien voulu etre reines a sa place.

Cependant, elle devait etre bientot au terme de son ouvrage, il ne manquait plus qu'une cotte de mailles, encore une fois elle n'avait plus de lin et plus une seule ortie. Il lui fallait encore une fois, la derniere, s'en aller au cimetiere en cueillir quelques poignees. Elle redoutait cette course solitaire et les terribles sorcieres, mais sa volonte restait ferme et aussi sa confiance en Dieu.

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