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Contes merveilleux, Tome I - Andersen Hans Christian - Страница 22


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– En quoi consiste donc le premier prix? Fit tout a coup le ver de terre.

– Le vainqueur, repondit le mulet, a droit, sa vie durant, d'entrer librement dans un champ de choux et de s'y regaler a bouche que veux-tu. C'est moi qui ai propose ce prix. J'avais bien devine que ce serait le lievre qui l'emporterait, et alors j'ai pense tout de suite qu'il fallait une recompense qui lui fut de quelque utilite. Quant au colimacon, il a le droit de rester tant que cela lui plaira sur cette belle haie et de se gorger d'aubepine, fleurs et feuilles. De plus, il est dorenavant membre du jury; c'est important pour nous d'avoir dans la commission quelqu'un qui, par experience connaisse les difficultes du concours. Et, a en juger d'apres notre sagesse, certainement l'histoire parlera de nous.

Le crapaud

Le puits etait tres profond et par consequent la corde etait longue, qui servait a monter le seau plein d'eau. Quand ce seau arrivait jusqu'a la margelle, on avait bien du mal a l'y poser, tant le vent etait violent. Jamais le soleil ne descendait assez bas dans ce puits pour se mirer dans l'eau, mais aussi loin qu'atteignaient ses rayons, les pierres etaient couvertes d'une maigre verdure.

Une famille de crapauds vivait dans le puits. Ils etaient nouveaux venus, puisque c'est la vieille grand-mere-encore vivante-qui y etait arrivee, la tete la premiere. Les grenouilles vertes, etablies la depuis bien plus longtemps, et qui nageaient de tous cotes dans l'eau, les consideraient comme des invites de passage, mais voyaient bien qu'ils etaient un peu de leur espece.

Les crapauds avaient decide de rester la, ils se plaisaient a vivre «au sec», comme ils disaient des pierres humides.

La mere crapaude avait fait un vrai voyage, et elle s'etait trouvee justement dans le seau au moment ou quelqu'un le remontait, mais la subite lumiere du jour l'eblouit; elle tomba du seau, droit dans l'eau, avec un «plouf» si terrifiant qu'elle dut rester trois jours couchee, les reins presque brises. C'est ainsi qu'elle etait arrivee la. Elle ne pouvait raconter grand-chose sur le monde exterieur, mais elle savait -et elle le fit savoir a tous-que le puits n'etait pas le monde entier. Mere crapaude aurait pu raconter davantage, mais si les grenouilles la questionnaient, elle ne repondait jamais, alors elles ne questionnaient plus.

– Comme elle est grosse et horrible, laide et repugnante, disaient les jeunes grenouilles vertes, et ses petits deviendront exactement comme elle.

– C'est possible, repondait la mere crapaude, mais l'un d'eux a une pierre precieuse dans la tete, ou bien je l'ai moi-meme.

Les grenouilles vertes ecoutaient ce propos, les yeux ronds de surprise, mais comme elles ne desiraient pas en savoir davantage, elles tournerent le dos a la vieille et plongerent jusqu'au fond de l'eau.

Les jeunes crapauds, au contraire, allongeaient leurs pattes de derriere par pure fierte, chacun d'eux croyant avoir la pierre precieuse, ils tenaient la tete raide et parfaitement immobile. Ils finirent cependant par se demander de quoi ils devaient etre fiers et ce que c'etait au juste qu'une pierre precieuse.

– C'est un bijou, repondit la mere crapaude, si beau et si precieux, que je ne peux meme pas le decrire. On le porte pour son propre plaisir et les autres vous l'envient. Mais ne me demandez plus rien, je ne repondrai pas.

– Je suis sur que ce n'est pas moi qui ai ce bijou, dit le plus petit crapaud qui etait aussi laid que possible; pourquoi, parmi tous, aurai-je quelque chose d'aussi splendide? Et si cela devait deplaire aux autres, je n'en aurais aucun plaisir. Non, tout ce que je desire, c'est seulement de pouvoir un jour monter jusqu'a la margelle du puits et regarder au-dehors, ce doit etre magnifique!

– Reste bien tranquille ou tu es, repliqua la vieille, tu connais le coin et sais ce qu'il vaut. Prends bien garde au seau, il pourrait t'ecraser. Et si tu reussis a y entrer, tu peux en retomber et tout le monde n'a pas comme moi la chance de survivre a une pareille chute avec ses quatre membres entiers-et tous ses oeufs.

– Couac, dit le petit, ce qui repond a Oh! Oh!

Il avait un immense desir d'etre assis sur la margelle du puits et de regarder au-dehors, une vraie nostalgie de la verdure de la-haut. Le lendemain matin, comme on remontait le seau plein d'eau, le seau, par hasard, s'arreta un instant juste devant la pierre sur laquelle etait assis le petit crapaud; celui-ci trembla, mais sauta dans le seau et tomba tout au fond.

En haut du puits, il fut vide en meme temps que l'eau.

– Quelle horreur, cria un garcon qui se trouvait la, je n'en ai jamais vu d'aussi laid.

Et il lui allongea un coup de sabot.

Le petit crapaud aurait ete completement ecrase s'il ne s'etait vite cache au milieu des hautes orties.

Il etait assis la et regardait les tiges serrees et il regardait aussi vers le ciel, le soleil brillait sur les feuilles transparentes, il avait l'impression que nous eprouvons, nous autres hommes, en penetrant dans une grande foret ou le soleil luit entre les branches et les feuilles des arbres.

– C'est bien mieux ici que dans le puits, dit le petit crapaud. J'aimerais y rester toute ma vie.

Il resta la une heure-et meme deux.

«Je me demande ce qu'il peut y avoir dehors, pensa-t-il. Puisque je suis venu jusqu'ici, il faut que je continue.»

Il sautilla aussi vite qu'il le put et arriva sur une route ou le soleil brillait, mais ou la poussiere tomba, epaisse, sur son dos, tandis qu'il traversait la route.

– Je suis vraiment au sec, ici, peut-etre un peu trop. J'ai des demangeaisons.

Il sauta jusqu'au fosse ou poussaient des myosotis et des spirees et que bordait une haie de sureau et d'aubepine, le long de laquelle grimpaient des liserons blancs. Que de couleurs de tous cotes! Un papillon vint a passer, le crapaud le prit pour une fleur qui s'etait detachee pour voir le monde. Cela lui parut tout naturel.

«Si je pouvais seulement m'envoler comme lui, pensa le petit crapaud. Couac, ce serait merveilleux.»

Il demeura huit jours et huit nuits dans le fosse ou il ne manquait certes pas de nourriture. Au neuvieme jour, il se dit:

«Il faut vraiment que je continue, mais que pourrai-je trouver de mieux qu'ici. Peut-etre un autre petit crapaud ou quelques grenouilles vertes.»

La nuit precedente, il avait entendu dans l'air des bruits semblant indiquer qu'il avait quelques cousins dans le voisinage.

«Que c'est bon de vivre, de sortir du puits, et se reposer dans le fosse humide. Mais il faut continuer, essayer de trouver un petit crapaud ou quelques grenouilles. Ils me manquent. C'est donc que la nature ne suffit pas.»

Il traversa un champ et arriva a une mare entouree de joncs. Il regarda les joncs avec interet et s'apercut qu'il y avait la des grenouilles.

– C'est peut-etre trop mouille pour vous, lui dirent-elles. Etes-vous un male ou une femelle? Qu'importe! vous etes en tout cas le bienvenu.

Cette nuit-la, le petit crapaud fut invite a un concert familial, grand enthousiasme et voix faibles. On ne servit rien a manger, mais a boire a profusion, tout l'etang si l'on voulait… ou pouvait!

– Maintenant, allons plus loin, se dit le petit crapaud; quelque chose le poussait a chercher toujours mieux.

Il vit les etoiles, grandes et brillantes; il vit la lune, il vit le soleil se lever et monter de plus en plus haut dans le ciel.

– Je suis toujours dans un puits, plus grand peut-etre, mais puits tout de meme. Il faut monter plus haut, je suis inquiet et sens une etrange nostalgie.

Quand il y eut pleine lune, la pauvre petite bete se dit:

«C'est peut-etre un seau que l'on descend et ou je dois sauter pour arriver ensuite plus haut, ou, peut-etre, le soleil est-il un immense seau, combien grand et lumineux! Nous pourrions tous y trouver place, il me faut en attendre l'occasion. Comme ma tete me semble claire et brillante, je ne crois pas qu'un bijou puisse briller davantage. La pierre precieuse, je ne l'ai surement pas, mais je ne pleure pas pour cela, non, allons plus haut, toujours plus pres de cette lumiere etincelante ou tout est joie! J'en ai un grand desir et en meme temps de l'effroi. C'est un immense pas que je me prepare a faire, mais il est necessaire. En avant, droit vers la route!»

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